Résumé du sujet :

Dans ce document, les concepts essentiels relatifs à l'économie de la mer sont exposés avec une référence particulière aux secteurs de la pêche, de l'aquaculture, du tourisme et de la navigation commerciale, dont les profils économiques, environnementaux et sociaux sont mis en évidence.

Principaux concepts abordés :

  • Économie bleue
  • Ressources halieutiques
  • Activité traditionnelle : pêche, aquaculture
  • Trafic maritime
  • Secteur économique

Compétences transversales acquises :

  • Communication orale et à l’écrit en langue maternelle et langue étrangère
  • Gestion de l’information
  • Organisation et planification
  • Respect d’un cadre et d’instructions

Définition des notions clés :

Economie bleue :

Comprend toutes les activités liées aux océans, aux mers et aux côtes.

Pêche durable :

Pêcher en utilisant des méthodes qui ne dégradent pas la capacité de reproduction des poissons tout en s'assurant que l'écosystème n'est pas endommagé.

Aquaculture :

Activité de production animale ou végétale en milieu aquatique (eau douce ou milieu marin).

Ressources halieutiques :

Ressources vivantes (végétales ou animales) en milieu aquatique.

Trafic Maritime & Navigation Commerciale :

Trafic maritime lié à la sécurité des expéditions internationales et à la prévention de la pollution marine causée par les navires.

Introduction du sujet :

La mer Méditerranée, de par son histoire, est une zone marquée par de nombreux échanges maritimes, tant commerciaux que migratoires. Depuis l'époque romaine, elle joue un rôle important dans l'économie en étant source de revenus pour une partie de la population côtière. Cependant, cette activité a perdu de son importance en Méditerranée. Aujourd'hui, l'économie maritime repose sur l'énergie offshore, les équipements maritimes et le tourisme maritime et côtier. Ce secteur économique est actuellement en plein essor et pourrait être une source de revenus pour tous les pays frontaliers. Cependant, étant donné les menaces que ces activités peuvent représenter pour la Méditerranée et sa biodiversité, un développement économique durable inclusif doit être promu afin d'assurer la durabilité de la région. C'est le concept de l'économie bleue. Il englobe toutes les activités économiques du secteur maritime et cherche à assurer la durabilité économique combinée au développement durable. Il propose une diversification des activités autour des activités de pêche, mais c'est un secteur en difficulté sur le territoire. Pour ce thème, nous utiliserons l'exemple de la pêche professionnelle (y compris la pêche et l'aquaculture) pour fournir une présentation non exhaustive des enjeux du territoire.

Concernant le trafic maritime, le navire est le moyen de transport qui atteint les dimensions les plus extrêmes.

C'est un système complexe équipé de nombreuses installations de haute technologie et il transporte souvent des marchandises très dangereuses. Il est donc clair que la gestion de la sécurité est une priorité. Cependant, ce n'est que récemment que des politiques internationales pour le transport maritime ont été mises en place, décourageant les transporteurs de compromettre la sûreté, la sécurité et la performance environnementales, et encourageant l'innovation et l'efficacité.

Nous avons structuré notre réflexion autour des trois piliers du développement durable : économique, social et environnemental.

Problématiques de développement durable identifiées dans ce su :

Quels sont les enjeux du développement durable propres à l'économie marine méditerranéenne ?

1. L’aspect environnemental

Le bassin méditerranéen est un haut lieu de la biodiversité. Cela signifie que c'est un territoire qui concentre une grande diversité d'espèces animales et végétales. C'est le deuxième plus grand point chaud au monde, car il concentre 10% de la biodiversité mondiale. Cependant, la Méditerranée est aussi la mer la plus polluée au monde. Il y a une forte présence de microplastiques, qui est un véritable fléau dans la région. De plus, c'est un territoire particulièrement exposé au changement climatique. Un rapport commandé par l'Union pour la Méditerranée (UpM) et présenté en décembre 2018 lors du Sommet sur le Climat en Pologne indique que le réchauffement climatique aura un impact particulièrement grave sur la région méditerranéenne et aura de graves conséquences économiques et environnementales. Ainsi, "les effets du changement climatique sur la région méditerranéenne seront supérieurs à la moyenne mondiale". En effet, le niveau élevé du trafic maritime en Méditerranée tend à menacer le bien-être des espèces endémiques. Ceci, associé aux activités de pêche, tend à affaiblir les ressources halieutiques du territoire. Par exemple, une étude de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a observé, en 2015, que la Méditerranée présente la proportion de stocks de poissons la plus exploitée à un niveau biologique non durable (95% des stocks). Cependant, ces chiffres ne donnent pas une image précise de l'état des stocks, qui sont très difficiles à évaluer, mais les acteurs publics internationaux s'accordent sur la nécessité d'intervenir pour la protection de cette zone. . En Méditerranée, la ressource halieutique est faible en quantité mais grande en diversité : “Tout en ne représentant que 0.82 % de la surface totale des Océans, la Mer Méditerranée abrite 8 à 9 % de la biodiversité marine. C'est l'écosystème marin le plus riche en termes de diversité d'espèces. 10 000 à 12 000 espèces méditerranéennes sont actuellement recensées avec pour ordre de grandeur : un peu plus de 600 espèces de poissons, 2000 de crustacés, 1400 mollusques, 150 échinodermes, 450 méduses, 600 éponges et 1350 algues et plantes marines. A cela s'ajoutent 5 espèces de reptiles et 21 de mammifères.” . De plus, la consommation de poissons se concentre sur les variétés les plus nobles, comme le merlan ou le cabillaud avec lesquels sont fait les bâtonnets ou carrés de poisson panés.

Autrefois, les pêcheurs vendaient le poisson selon une saisonnalité (comme c’est le cas dans l’agriculture locale). Aussi, l’effort de pêche ne respecte plus cette saisonnalité et les poissons sont pêchés toute l’année et selon les quantités demandées par le marché.

C'est dans cette optique que l'UE, en coopération avec les pays de la rive sud de la Méditerranée, s'est engagée à développer l'économie bleue, respectueuse de l’environnement et des principes du développement durable.

Cela comprend toutes les activités économiques du secteur maritime. Ce secteur représente un fort potentiel pour la prospérité du territoire. Il est donc nécessaire de développer ces activités tout en préservant les territoires. En ce qui concerne la pêche professionnelle, les principes de l'économie bleue peuvent se traduire par des mesures concrètes de diversification des activités. Afin d'avoir une gestion plus qualitative que quantitative de la ressource halieutique (poissons, crustacés, etc.), les pêcheurs professionnels peuvent désormais embarquer des passagers à bord de leurs bateaux pour découvrir leur métier et la beauté du littoral. Cette activité, pratiquée uniquement par des professionnels, est appelée «pescatourisme». En Italie, ils peuvent même proposer des repas, dans des lieux appropriés, de leur propre pêche et accueillir les touristes dans leur propre logement.

En ce qui concerne le trafic maritime, des Zones Maritimes Particulièrement Vulnérables ont été établies au fil des ans, pour identifier celles qui nécessitent une protection spéciale en raison de leur fragilité et de leur importance sur le plan écologique, socio-économique et scientifique (par exemple, détroit de Bonifacio, France et Italie). La convention MARPOL (Pollution Marine) est le principal instrument mis en œuvre par l'Organisation Maritime Internationale pour la prévention de la pollution. Son objectif est de préserver l'environnement marin grâce à l'élimination complète de la pollution due aux hydrocarbures et autres substances nocives et à la minimisation des déversements accidentels de ces substances.

2. Aspects économiques

Le secteur de la pêche professionnelle en Méditerranée se caractérise par une industrie de la pêche plus traditionnelle. Par exemple, 91% des navires mesurent moins de 12 mètres de long, ce qui est caractéristique d'une activité de pêche artisanale. Les professionnels ont tendance à utiliser des filets, des palangres et des casiers, évitant la pêche industrielle comme les chalutiers et les gros senneurs. Par exemple, en France, la zone méditerranéenne ne représente que 3% des prises de pêche. La plupart de ces captures se situent dans l'Atlantique Nord et l'Atlantique Nord-Est. A titre de comparaison, la région Sud Provence Alpes Côtes d'Azur produit 4 000 tonnes, contre 208.000 pour la Bretagne. Cependant, il s'agit d'une activité pour laquelle il est difficile d'obtenir des statistiques complètes car la vente de poisson se fait directement aux clients du port. Cependant, nous disposons de quelques chiffres sur les captures mondiales de pêche.

Les captures totales des principaux producteurs mondiaux (2015) sont présentées dans le tableau suivant:

 ETATS TONNES %
 Chine  17 853 070  17.06 %
 Indonesie  6 565 350  6.27 %
 Inde  4 862 038  4.65 %
 UE-28  5 160 318  4.93 %
 Vietnam  2 757 314  2.63 %
 Etats-Unis  5 045 443   4.82 %
 Perou  4 838 874  4.62 %
Japon 3 553 473 3.40 %
Russie 4 463 825 4.27 %
 Philippines  2 154 943  2.06 %
 Norvege 2 441 089  2.33 %
Bengladesh 1 623 837 1.55 %
Coree du Sud 1 656 819 1.58 %
Chili 2 132 337 2.04 %
Birmanie 1 953 510 1.87 %
Thailande 1 693 050 1.62 %
Malaisie 1 496 054 1.43 %
Autres (*) 34 399 523 32.87 %
Total 104 650 868 100.00 %

 

Si l'on compare ces chiffres avec les statistiques des pays côtiers méditerranéens (voir tableau ci-dessous), on constate que leur production est relativement faible par rapport à la production mondiale. Seule l'Espagne se caractérise par une production assez élevée (17,47% de la production européenne).

 

 ETAT MEMBRETonnes %
 IT 191634 3.71 %
 GR 64431 1.25 %
 ES 901512 17.47 %
 HR 72264 1.40 %
 FR 497435 9.64 %
 Total 1727276  
 Total UE-28 5160318  
Percentage 33,47  

 

L'industrie de la pêche en Méditerranée est un secteur fragile, qui peine à recruter car les conditions de travail sont difficiles. La diversification doit permettre aux pêcheurs professionnels de bénéficier de revenus supplémentaires, offrant une plus grande stabilité et contribuant ainsi à de meilleures conditions de vie.

Le pescatourisme, venu d'Italie, s'est développé en France dans les années 2010. Les pays de la rive sud de la Méditerranée souhaitent développer cette activité pour renforcer les revenus économiques des pêcheurs et réduire l'effort de pêche. L'Algérie a adopté en 2016 une réglementation nationale sur le pescatourisme et la Tunisie expérimente actuellement cette activité dans le Nord.

Le transport de conteneurs peut représenter la croissance du trafic maritime en Méditerranée : au cours des 20 dernières années, la manutention de conteneurs dans les ports méditerranéens a été multipliée par six et les trente premiers ports dépassent les 50 millions d’équivalent vingt pieds ou EVP (de 9 millions d'EVP en 1995 à 53 millions aujourd'hui) avec une augmentation en pourcentage de 500% et jusqu'à dix-neuf ports dépassent le million d'EVP par an. Les données montrent que la Méditerranée a acquis une position centrale dans le commerce mondial des marchandises, en tant que «eau de récupération» contre l'Atlantique. Le développement exponentiel du marché des conteneurs a ouvert des espaces pour un positionnement compétitif dans de nombreux systèmes portuaires et représente une opportunité de croissance pour le bassin méditerranéen.

3. Aspect social

Au-delà de l'aspect économique et environnemental, le pescatourisme contribue à la valorisation du patrimoine local.

En effet, la pêche professionnelle en Méditerranée est restée fidèle à ses fondations, gardant son aspect artisanal loin de la pêche industrielle. Les engins de pêche, filets, palangres casiers, ont été inventés par les pêcheurs. Certaines pratiques peuvent être plus respectueuses de l’environnement que d’autres. Par exemple, la pêche aux palangres permet de sélectionner les poissons de taille adulte. La plupart des techniques de pêche ont été inventées par des pêcheurs eux-mêmes au fil du temps. Dans certains territoires, d’autres pratiques anciennes sont encore présentes même si elles ne sont pratiquement plus utilisées : la madrague ou la tonara consistant en l’installation de filets de pêche fixe le long de côtes principalement pour la capture de thons était utilisée par les communautés de pêcheurs afin de gérer les prises de pêche. De même, la pêche professionnelle a contribué à façonner les territoires côtiers, et en particulier les grandes villes côtières telles que Marseille ou Sète. Elle a également été une source importante de cohésion sociale sur les côtes. Favorisant les échanges et créant des emplois, elle a contribué à l'émergence de communautés à forte cohésion. Le pescatourisme contribue à la découverte du patrimoine portuaire et des traditions locales en permettant aux particuliers de rencontrer des professionnels de la pêche. Ainsi, il sensibilise aux enjeux du secteur. Des promenades patrimoniales sont organisées pour permettre aux visiteurs de découvrir la pêche artisanale et ses produits. Il existe également des initiatives citoyennes pour promouvoir le patrimoine humain. De plus, le pescatourisme permet de maintenir l'activité dans la région en permettant aux pêcheurs de bénéficier d'un revenu plus stable. Il peut également favoriser l'attractivité de la profession pour les jeunes travailleurs. L'UE a rédigé le Livre Bleu (2007) dans lequel est soulignée la nécessité de proposer un système intégré de politique maritime, étant donné la réalisation qu'une grande partie de notre avenir dépend du potentiel encore inutilisé des océans, dans le but d'offrir de la croissance, de l’emploi et la durabilité. On peut donc conclure sur les points suivants : le rejet de l'approche sectorielle jusqu'ici suivie par l'Union et les États membres (c'est-à-dire: une politique pour les armateurs, une pour les ports, une pour les chantiers navals, une pour l'environnement, une pour la pêche, une pour les bateaux de plaisance, etc.) ; et l'affirmation de la nécessité d'une politique "holistique", qui aborde de manière globale et intersectorielle tous les aspects des problèmes maritimes.

Position du sujet dans les programmes scolaires :

âge11121314151617
Langue maternelle / Langue étrangère / Littérature
Histoire
Géographie
Mathématiques
Biologie / Géologie
Physique / Chimique
Sciences humaines / Économie / Droit
Art / Musique
Technologie / Informatique

Ressources :

  • Le deux tableaux présentés sont extraits du document : Facts and figures on the common fisheries policy - Basic statistical data - 2018 EDITION, by Directorate-General for Maritime Affairs and Fisheries of the European Commission
  • L'état de la pêche et de l'aquaculture dans les mers italiennes, Ministero delle Politiche Agricole, Alimentari e Forestali, 2011
  • Rapport annuel sur la pêche et l'aquaculture en Sicile 2013, Direction régionale de l'agriculture, du développement rural et de la pêche méditerranéenne, Rapport ISPRA, 2016 sur le Pescatourisme et l’aquaculture
  • Série technique du projet SEA-Med : la nouvelle proposition de la Commission européenne pour un règlement du Conseil sur la conservation et l'utilisation durable des ressources halieutiques dans le nord et le sud de la mer Méditerranée. Une expérience menée dans le Parc National de Taza, Algérie. Bellia R, 2016. Référence
  • Principes pour un tourisme de pêche durable, WWF, Initiative pour le milieu marin en Méditerranée, Rome Italie, Gomei M., Bellia R, 2019 Référence

​Pièce-jointe :